mercredi, décembre 28, 2005

Pourquoi qu'on consomme...

La consommation est au cœur du processus de construction identitaire des individus : elle nous permet d’exprimer qui nous sommes ou qui nous voudrions être. C’est malheureux à dire mais « Consommer ce n’est pas seulement acquérir un produit, mais s’acheter une identité » (Gabriel, Lang 1995 p87). Et oui, c’est l’écart entre l’image que l’individu a de lui-même et l’image qu’il aimerait donner qui le pousse a consommer. Il va souhaiter réduire la distance entre son moi subjectif (Qui il croit être), son moi social (Comment il se croit perçu) et le moi idéal (Comment il veut être).

Là ou la publicité joue son vilain rôle c’est qu’elle va participer à aiguiser ce sentiment d’insatisfaction du consommateur par rapport qui il est, par rapport a ce qu’il possède … bref le frustrer et le faire rentrer dans la ronde de la consommation qui évidemment ne règle rien. Une fois le produit/service convoité acheté, le consommateur ne ressent généralement pas l’apaisement qu’il avait espéré trouver dans son achat … le but final ou la référence sociale à atteindre est toujours plus loin. La consommation engendrant presque plus de frustration que de satisfactions.

On peut ajouter à ça que depuis les années 70, le temps libre est devenu de plus en plus payant. On ne passe plus les heures non travaillées à couper du bois, cultiver ses légumes ou laver sa voiture mais l’on veut jouer à la Xbox 360, aller au cinéma, regarder sa télévision plasma avec son home cinéma ou acheter des vêtements...

Le problème étant évidemment que les personnes disposant de la plus basse estime sont généralement celle qui ont le moins de moyens et que celles-ci s’endettent alors pour acheter ces symboles dont elles pensent qu’ils leurs donneront un statut, de l’estime… et elles souffrent alors d’une soif de consommation inextinguible, consommer pour exister… Je sais ça peut paraître cliché mais regardez autour de vous.

Il semblerait alors que pour être heureux il suffit de se satisfaire de ce que l’on a…dès lors qu’on a « assez » (Un toit, a manger… la base quoi)…Mais bon, on vous le dira pas… c’est pas comme ça qu’on va relancer la croissance…

Pis bon, plus facile a dire qu’a faire… On ne peut pas tous s’appeler Diogène …et encore ... pas sur qu’il tiendrait le coup au XXIeme siècle !

4 commentaires:

Jeanfou a dit…

Globalement on est d’accord, le problème étant une fois de plus que les gens qui liront ce post sont ceux pour qui ça paraît déjà être une évidence. Disons que je ne prétendais pas donner LA solution, mais j'essayais de susciter la réflexion en amenant une des multiples solutions.
La consommation culturelle comme ouverture sur le monde, je tique un peu... Parce qu’il me semble que pour la plupart des individus (qu'ils le reconnaissent où non), la consommation culturelle est une consommation identitaire, et ce, presque par définition puisque le beau est normatif. L’individu veut se faire reconnaître comme appartenant à telle ou telle tribu par le choix du CD qu’il va aimer ou du livre qu’il va lire. Je suis assez désenchanté par rapport aux apports des œuvres culturelles. Je crois que globalement elle ne permet une ouverture et ne pose des questions qu’à ceux qui s’en posent déjà…À part quelques exceptions… et même pas sur. Prenons un exemple, qui est allé voir le Cauchemar de Darwin si ce n’est le gros des lecteurs de Télérama, des Inrocks ou les auditeurs de France Inter. Autrement dit les français qui ont le plus conscience que certains problèmes existent. Je suis pas sur que ce soit une telle ouverture, pour les gens qui ne sont pas ouvert à la base…et c’est là qu’il y a le plus de boulot me semble t’il.
Acheter le produit culturel…oui pourquoi pas. Mais il faut reconnaître qu’on a accès à tellement de culture gratuite…Les bibliothèques et médiathèques sont légions, Internet nous donne accès a un océan d’information, les livres sont quand même globalement peu chers…Donc vive l’emprunt, certes ça en jette moins qu’une bibliothèque de 10 000 pièces mais ça coûte moins cher, c’est moins encombrant et ça apporte autant.
Je ne dis pas non plus qu’il faut me prendre au pied de la lettre et qu’il faut vivre comme Diogène, évidemment c’était une boutade. Mais disons que ça me révolte un peu de faire systématiquement rimer plaisir avec consommation. Notamment, plus je dépenserais de sous à noel ou pendant mes vacances plus j’aurai passé un bon moment. La preuve rappelons nous de nos meilleurs souvenirs …Est il question d’y dépenser beaucoup d’argent ? Je le clame haut et fort « Je ne veux pas devenir riche (Quand même une base hein) mais je veux avoir du temps »…

Anonyme a dit…

De toute façon, si l'on en croit la pyramide de Maslow, on commence toujours au bas de l'échelle avec des besoins purement vitaux (1.la nourriture, 2.le toît) pour de toute façon faire l'escalade vers la reconnaissance sociale... et comme on vit dans une société de consommation, nous y voilà... Moi je pense qu'on peut de façon éclairée profiter du progrès et trouver son bonheur en dépensant raisonnablement, dans des plaisirs raisonnables, du moment qu'ils nous correspondent. On a des besoins à peu près similaires, mais rarement identiques, à cause de notre position dans cette société, et de notre pouvoir d'achat; c'est quelque chose dont il faut trouver le juste milieu et s'y tenir. Parce que si c'est pour ressembler à Mr Connard, PDG, qui roule en BMW à 160km/h et qui se pointe pour prendre son avion non plus en disant "bonjour" mais en présentant sa carte Gold Member, ben moi je préfère autant être le petit agent d'escale qui pense "merde" dans sa tête en l'enregistrant, et trouver mon bonheur ailleurs que dans les camionnettes de ces chères péripatéticiennes ;-)
Eo

Jeanfou a dit…

"trouver mon bonheur ailleurs que dans les camionnettes de ces chères péripatéticiennes ;-)"

LOL

Pour ce qui est de trouver le "raisonnable" c'est là qu'est toute la difficulé comme d'habitude...

Poncho a dit…

mais y a-t-il UN raisonnable? un juste milieu universel? parce que la consommation mesurée pour un couple rmistes avec trois gosses ne sera pas la même que pour un célibataire dans une agence de pub. ce n'est finalement pas une mesure évaluable en argent mais en rendu. le résultat des achats là aussi conditionné par des besoins pour sa vie quotidienne et des aspirations. car ce sont bien des besoins, pas des envies, pour le mec de l'ENA qui doit avoir au moins deux costumes alors que pour un balayeur ce sera un cd par exemple. le juste milieu s'apprécie à partir de l'ensemble des achats effectués, pas de la somme totale. la consommation est en partie bien un besoin puisqu'il aide soit à avancer dans son projet professionnel soit à sortir la tête du marasme quotidien. Donc le consumérisme intellectuel existe bien et là où j'abonde dans ton sens, jeanfou c'est que les classes "inférieures" (tant pis pour le consensualisme) n'auront pas la volonté d'y avoir accès car elle les rebute vu la présentation qu'on en fait et vu la mollesse inhérente aux humains.
télérama, france culture, les émissions telle "des mots de minuit" (je crois) ne sont pas accessibles pour ceux qui regardent "y a que la vérité qui compte" alors oui c'est en partie de leur faute même assez mais ne faudrait-il pas un accès plus ludique et le répandre le plus possible? pas de la vulgarisation mais une simplification comme entrée dans le monde de la culture et de la réflexion pour ensuite s'engouffrer dans la spirale du savoir. donc la solution c'est le consumérisme intelligent. pour être heureux il y a également les plaisirs simples mais ne nous voilons pas la face: nous ne pourrions nous en contenter. sinon, pour ma part, les meilleurs moments de ma vie étaient avec mes amis sans une débauche de luxe.
enfin, la raison pour laquelle les beaufs resteront toujours beaufs dans leurs achats c'est qu'ils n'ont pas bon goût. on leur assène des normes médiocres dont ils se contentent. faut pas chercher plus loin, ils sont autant responsables de leur sort que la société, que nous les pédants pseudo-intellectuels qui nous drapons dans deux références littéraires et les regardons dédaignuesement et condescendence.