Qu'en est-il maintenant de la distinction proposée entre éthique et morale ? Rien dans l'étymologie ou dans l'histoire de l'emploi des termes ne l'impose. L'un vient du grec, l'autre du latin; et les deux renvoient à l'idée intuitive de moeurs, avec la double connotation que nous allons tenter de décomposer, de ce qui est estimé bon et de ce qui s'impose comme obligatoire. C'est donc par convention que je réserverai le terme d'éthique pour la visée d'une vie accomplie et celui de morale pour l'articulation de cette visée dans des normes caractérisées a la fois par la prétention à l'universalité et par un effet de contrainte (on dira le moment venu ce qui lie ces deux traits l'un à l'autre). On reconnaîtra aisément dans la distinction entre visée et norme l'opposition entre deux héritages, un héritage aristotélicien, où l'éthique est caractérisée par sa perspective téléologique, et un héritage kantien, où la morale est définie par le caractère d'obligation de la norme, donc par un point de vue déontologique. On se propose d'établir sans souci d'orthodoxie aristotélicienne ou kantienne mais non sans une grande attention aux textes fondateurs de ces deux traditions:
1) la primauté de l'éthique sur la morale ; 2) la nécessité pour la visée éthique de passer par le crible de la norme ; 3) la légitimité d'un recours de la norme à la visée, lorsque la norme conduit à des impasses pratiques, qui rappelleront à ce nouveau stade de notre méditation les diverses situations aporétiques auxquelles a dû faire face notre méditation sur l'ipséité. Autrement dit, selon l'hypothèse de travail proposée, la morale ne constituerait qu'une effectuation limitée, quoique légitime et même indispensable, de la visée éthique, et l'éthique en ce sens envelopperait la morale. On ne verrait donc pas Kant se substituer à Aristote en dépit d'une tradition respectable. Il s'établirait plutôt entre les deux héritages un rapport à la fois de subordination et de complémentarité, que le recours final de la morale à l'éthique viendrait finalement renforcer.
lundi, juin 16, 2008
Paul Ricoeur, Soi même comme un autre, p200-201
Bonjour, je m'appelle Paul Ricoeur et je dis tellement bien des choses compliquées qu'elles en deviennent limpides!
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11 commentaires:
Tes références sont excellentes, tu fais quoi donc de ta vie pr avoir ce genre de lecture?
Vil flatteur :)
Je fais une thèse en marketing.
Flatteuse (ce qui ne veut pas dire flat girl hein) stp...
MArketing? et tu as des ref philo, mes structures de pensee s'effondrent...
Heureux de mon effet :)
Interressant personnage en tout cas... et tes ref philo te servent pr ta thèse?
Pas particulièrement...
C'est gentil tous ces compliments mais je suis un néophyte en philo qui recopie des passages qui lui semblent intéressant sans les comprendre pleinement sans doute.
néophyte en philo...
Ouais c'est ça tu te plonges ds du ricoeur et tu te dis neophyte et mon cul c'est du poulet? Tu l'as fait ta thèse? C pr devenir quoi?
1. Je me plonge pas dans Ricoeur, je lis un papier sur sa conception de l'éthique et crois comprendre un petit passage que je trouve particulièrement clair.
2. Le reste c'est ma vie privée :-)
Oh désolé, d'être trop curieuse.
J'essaye juste de conserver mon anonymat :-)
Je crois que tes structures de pensée peuvent encore être mal menées :)
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