vendredi, janvier 13, 2006

Quand la musique est bonne....

Afin de pouvoir agrémenter ma vie austère d’étudiant je travaille régulièrement dans une salle de concert afin de gagner quelques pièces d’argent sonnant et trébuchant. La tache extrêmement excitante qui m’est confiée est de déchirer les tickets des visiteurs tout en leur donnant la direction de leur siège. S’en suit une attente harassante permettant de se lancer dans de grandes diatribes contre les institutions, de refaire le monde avec son collègue d’un soir ou (beaucoup plus souvent) de meubler l’étouffant vide du silence (« Ca va ? », « Ouais », « Cool », « Fais chier c’est long », « Ouais mais en même temps on est payé »…)

C’est en devisant de la sorte avec un collègue que nous arrivâmes au sujet qui fut le sujet clé de nos années d’adolescence mais dont le rôle identitaire temps à décroître… bref, nous nous mîmes a parler musique. Ce sur quoi mon cher binôme m’apprend qu’il a fait le conservatoire et il me donne un cours sur l’histoire de la musique… Intéressant, mais tout ceci n’aurait pas mérité de figurer dans un blog d’exception comme celui-ci si soudainement il n’avait pas déclaré « La consonance est une dissonance que l’on a apprivoisé »…

Je reste pantois. Il vient avec une certaine innocence de me permettre de formaliser, de cristalliser une vérité diffuse, latente qui traînait dans un coin de mon cerveau depuis mon adolescence. Je te l’accorde, lecteur, il n’y a pas de quoi crier au génie. Le beau est quelque chose de normatif et symbolique sujet, entre autre, à l’histoire individuelle et la culture du spectateur ou de l’auditeur. Evidemment le goût musical n’échappe pas à cette règle mais le voir synthétisé comme ça en dix mots… Ca m’a plu.

Ca a déclenché une petite réflexion. Ne nous le cachons pas nous aimons un type de musique notamment pour l’aspect identitaire qu’il donne … et je l’avoue sans plus de honte que ce que nécessite la décence, je suis conscient qu’en tentant de m’intéresser au jazz et a la musique classique a 18 ans j’ai conscience que j’essayais d’approcher les élites intellectuelles que j’idéalisais.

Avec du recul, il m’est apparu que les choses que l’on préfère en musique, du moins celle que l’on aime longtemps se « méritent » parfois. Je veux dire qu’il nous faut les écouter plusieurs fois avant de les apprécier ‘soi disant pour comprendre’.

Je me demande en fait si nous ne nous mettons pas à aimer ces morceaux une espèce de mécanisme de dissonance cognitive…OUH ! Le gros mot ! Grosso modo l’idée c’est de dire que l’homme a besoin de cohérence, qu’il aspire à éliminer les faits de pensée ou les faits comportementaux qui sont contradictoires. Ils peuvent alors réduire cette dissonance notamment en changeant d’opinion envers ce qu’ils on écouté.

Exemplifions. J’achète un disque, je l’aime pas trop … je passe beaucoup de temps a l’écouter me disant que je suis passé a côté de quelque chose. Ecouter un disque qu’on aime pas trop c’est pas top cohérent. Donc mon attitude à l’égard du CD change pour que ça devienne cohérent. Ce qui peut donner un discours du type « Au début, il m’a pas fait trippé pis en écoutant bien tu te rends compte que ça pète tout, mais c’est pas un truc que t’aime à la première écoute… »

Bon alors après moi je dis ça mais je suis ni psychologue, ni philosophe…donc c’est très probablement erroné et/ou approximatif…

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